J’ai rencontré Jan Van Esch comme artiste avant de le connaître comme directeur de Centre culturel. J’ai tout de suite été touchée par ses compositions abstraites qui me rappellent les tableaux de Nicolas de Stael, tant par la frénésie du processus de création que par leurs inspirations. J’y ai perçu un amour infini de la nature et un lien indéniable avec son ancrage urbain. Le bois morcelé connaît entre ses mains une nouvelle vie par un acte de création, souvent nocturne, agîté et tempêtueux à l’image de ce cerveau en perpétuelle activité.
La première fois que j’ai vu les oeuvres d’Ephrem Solomon, je me rappelle avoir été comme aspirée pas une série de portraits graphiques dont on ne peut se détourner. Comment traduire ces émotions, à mi chemin entre l’absence totale de sentiments et une sorte de solitude projetée sur un alphabet dont nous n’avons pas les clés. Des images répétées comme des symboles du temps qui passe, de l’abandon dans lequel nous laisse une société qui ne s’arrête plus pour percevoir le rythme qui la meut.
‘In and Out Side Life Stories’ est un échange passioné qui raconte des histoires anonymes comme si des bribes de correspondance conservées précieusement avaient été retrouvées pour être relues des années après. Il dépeind l’ambivalence des sentiments et nous questionne sur la contradiction entre profondeur et superficialité, populaire et intime, extraversion et pudeur dans un monde où la surconsommation ne laisse plus que très peu de place pour ces formes de communications désuettes face au règne de l’image et de l’instant. Savoir ne rien faire est un plaisir oublié. Eprouver la douceur de vivre ne sera peut-être bientôt plus qu’une aptitude qui nous laissait autrefois une respiration pour appréhender nos croyances. Aurait-on peur d’affronter le silence et d’écouter le métronome de notre libre-arbitre?
Delphine Buysse
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